30 jours pour préparer la reprise économique

30 jours pour préparer la reprise économique

Le confinement a été une mesure indispensable pour juguler la crise sanitaire et protéger des vies dans la guerre que nous menons contre le Covid-19. Mais sa durée aura un effet incontestable sur notre économie et la vie de nos entreprises. C’est pourquoi nous devons valoriser l’élan de solidarité, les nouveaux dispositifs administratifs et moyens financiers, sans précédent, mis à disposition des entreprises pour inviter les « activités non essentielles » à penser comment reprendre progressivement le travail pour assurer un service économique responsable. C’est une préoccupation de nos entrepreneurs et de leurs salariés. Alors que la durée de la crise sanitaire est incertaine et que des doutes pèsent sur la durée de prolongation du confinement, il ne faut pas ajouter de la crise sociale à la crise économique. Et si l’Etat pense aux différents scenarios de sortie du confinement, le monde de l’entreprise dans les territoires doit, d’ores et déjà, préparer l’après-crise et aller vite. Les 30 jours qui viennent seront décisifs. 

Les PME souffrent

Les rideaux ont été baissés sans préavis sur nos activités et sur le travail de nos collaborateurs. Malgré des chiffres d’affaires en baisse de 30 à 40%, et des niveaux de fonds propres au plus bas, le civisme et le soutien, de nos entreprises, à l’exigence de santé a primé sur toute autre considération. Aux avant-gardes de la RSE, nous avons souvent été les premiers à demander à nos collaborateurs de tout faire pour se protéger, alors que les moyens faisaient défaut. En Ile-de-France, depuis plus d’un mois, la quasi totalité des collaborateurs des entreprises travaillant avec du public sont malheureusement au chômage technique. Les PME qui travaillaient à l’international, notamment avec l’Asie, en raison des difficultés d’approvisionnement et d’exportation mettront des mois à s’en remettre. Avec le prolongement responsable du confinement les mesures, qui touchaient déjà la restauration, le tourisme, l’événementiel, les spectacles, les services à la personne et plus largement les activités en contact avec le public, impactent par ricochet toutes les entreprises amont et aval. Surtout les plus fragiles. Dans la violence du virus et le développement de l’épidémie sur notre territoire, le rôle d’information et de transparence des médias, l’action des personnels soignants, les conseils du corps médical sont pour nous un exemple d’engagement et une aide morale indispensable pour répondre au désarroi de nos petits entrepreneurs, de leurs collaborateurs et de leurs familles.  

L’arrière participe à l’effort de guerre

Parce qu’ils assurent le maillage fin du tissu économique francilien, soutenir puissamment les TPE-PME, les commerces et les artisans est la condition sine qua non pour contenir la crise économique, en évitant qu’elle n’évolue en nouvelle crise sociale.

Parce qu’ils assurent le maillage fin du tissu économique francilien, soutenir puissamment les TPE-PME, les commerces et les artisans est la condition sine qua non pour contenir la crise économique, en évitant qu’elle n’évolue en nouvelle crise sociale. Les mesures immédiates de soutien aux entreprises annoncées par l’État étaient donc très attendues, à commencer par le report des échéances sociales et fiscales ainsi que l’assouplissement du chômage partiel. Dans le passé, les entrepreneurs non salariés (commerçants, artisans, indépendants…) y compris ceux du secteur agricole, ont toujours fait partie des queues de lots des politiques publiques. C’est pourquoi, le fonds de solidarité étendu aux indépendants est une bonne décision. La prime de 1 500 € et les 2000€ supplémentaires annoncés, pour les travailleurs non salariés et les indépendants une attente forte du terrain même si elle ne couvrira pas tous leurs frais. Si l’obligation de fermeture persiste Il faudra avoir la volonté forte de prolonger ces mesures. Car l’important est de tout faire pour limiter, aussi, les faillites de celles et ceux qui travaillent à leur compte ! Beaucoup d’entrepreneurs, dans toutes les régions, se sont engagés avec « les moyens du bord »  adapter leur fonctionnement ; convertir les chaines de productions, faire de la recherche et développement, en un temps record, et participer au soutien national de production des masques, blouses, gels et à leurs distributions. Ils ont été à la hauteur. Le maintien en activité des boulangers, bouchers, des primeurs, des pharmaciens… alors que certains cherchaient maladroitement à capter leur clientèle, ne s’est pas fait sans risques. Ne l’oublions-pas ! Si, aujourd’hui, les premières remontées terrain TPE PME sur les mesures mises en place sont satisfaisantes, nous devons toujours rester vigilants quand à leur efficacité. Nous devons également penser à endiguer un autre virus contagieux : la défiance dans la parole publique et dans l’économie. 

De nouveaux équilibres

…alors que la période estivale n’est pas si loin, et que le temps des petites entreprises n’a jamais été celui de l’État, nous devons tirer profit des 30 prochains jours pour penser la reprise.

La reprise économique ne peut être envisagée qu’en garantissant la sécurité pour toutes et pour tous dans l’exercice de leur activité professionnelle comme dans leurs déplacements. Le retour à la pleine activité des services publics (courrier, transports, administrations…) ne doit pas être décalé de l’engagement des travailleurs du privé pour appuyer le redémarrage de nos activités. Pour ces raisons, alors que la période estivale n’est pas si loin, et que le temps des petites entreprises n’a jamais été celui de l’État, nous devons tirer profit des 30 prochains jours pour penser la reprise. L’Etat et les collectivités publiques devront donc veiller à faire fonctionner pleinement leurs services et continuer d’apporter, conjoncturellement, une aide financière aux secteurs de proximité en difficulté. Nos petites entreprises n’ont pas vocation à vivre de subventions mais par leur présence territoriale elles créent de la richesse et du lien social. En Ile-de-France, les consommateurs doivent retrouver le chemin de leurs commerçants de proximité, de leurs marchés ambulants grâce à la valorisation des productions régionales. Il en est de même de la revalorisation des services à la personne qui, par exemple, apportent un soutien indispensable aux populations isolées, âgées voire en situation de handicap. Plus que jamais nous devons adopter une nouvelle façon de vivre, de travailler et de consommer en harmonie avec nos attentes et les ressources écologiques de nos régions. Dans la crise, nos TPE ont eu confiance dans la parole scientifique, elles attendent, plus encore aujourd’hui, la stabilité des politiques publiques. Dans cet esprit, nous devons, valoriser le mouvement de solidarité qui est né et anticiper l’après-crise. Retrouver la confiance c’est aussi proposer une reprise de la consommation responsable et oublier la surconsommation. Les gestes positifs pris en faveur des PME depuis 2017 : ordonnances travail, loi Pacte, suppression du forfait social, etc… doivent être sauvegardés.

Retrouver la confiance c’est aussi proposer une reprise de la consommation responsable et oublier la surconsommation.

La « parenthèse » de la crise sanitaire ne doit pas sonner le glas de la politique en faveur des TPE PME ni entrainer moins de droits pour nos salariés. Valoriser le Made in France et le savoir faire de nos producteurs,  agriculteurs et artisans, améliorer la sécurité de notre production et de nos approvisionnements, aider nos indépendants, nos filières et nos branches à gagner en autonomie stratégique doivent devenir nos priorités. Dans un monde ouvert, penser différemment notre « arrière économique » ce n’est pas remporter une victoire à la Pyrrhus contre le coronavirus, grâce au repli sur soi-même. C’est inventer, ensemble, de nouveaux équilibres et créer les conditions d’une vie économique durable, responsable et citoyenne.

Bernard COHEN-HADAD,
Président du Think Tank Etienne Marcel
Président de la CPME Paris Ile-de-France


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