Opinion | Mieux vivre à Paris

Tribune publiée le 14 octobre 2019 dans « Le Cercle – Rubrique d’opinion des Echos »

LE CERCLE – À l’occasion des élections municipales à Paris, nous devons débattre du défi écologique. Il dépasse les clivages partisans et consiste à créer, ensemble, les conditions pour mieux vivre dans notre ville. (Bernard Cohen-Hadad est président de la CPME Paris Ile-de-France)

À six mois des élections municipales, nous attendons avec curiosité non seulement les programmes des candidats, mais aussi de voir comment le défi écologique va « verdir » leurs propositions. En effet, mieux vivre dans notre ville est un enjeu qui dépasse les clivages partisans. Il implique aussi nos entreprises. D’autant que nous avons besoin d’un nouveau dialogue en matière de choix environnemental pour la capitale.

Bien respirer

Anne Hidalgo publiait, en octobre 2018, un ouvrage « Respire », un plaidoyer environnemental pour Paris. Un an après, on est déçu, les seules décisions prises mettent le doigt sur les dangers de la voiture. Bien entendu, nous devons protéger notre santé. Mais « diaboliser » les véhicules thermiques et privilégier le tout électrique ne fait pas une politique de mobilités à long terme. Nous devons penser les « mobilités dans leur ensemble » avec les élus, les Parisiens, Parisiennes, les associations, les entreprises. Et les communes limitrophes qui vivent en symbiose avec Paris et la Région. Et mesurer tous les risques.

Cet enjeu de santé publique mérite un débat honnête sur le constat, les solutions durables et les moyens financiers mis en place. À l’occasion des pics de pollution, on est sans voix quand on découvre qu’aucune mesure n’est prise alors que l’air du Métro est 12 fois plus pollué que celui en surface et que même les platanes de nos rues sont à l’origine de la multiplication d’allergies respiratoires.

La sécurité dans l’espace public

Paris est une ville attrayante. On doit pouvoir s’y déplacer sans risque. Pour un parisien sur deux notre sécurité s’est dégradée au cours des dernières années. Cette insécurité est particulièrement mal vécue la nuit, dans les transports en commun (63 %), dans nos rues (59 %) et dans les parcs et jardins (55 %). Elle est devenue insupportable pour les femmes seules qui se plaignent d’être harcelées en plein jour ou craignent d’être agressées sexuellement (40 %). Nos commerçants et leurs salariés en boutiques sont aussi victimes d’une recrudescence d’incivilités : petits vols, dégradations, agressions verbales… Pour ces raisons nous devons mettre en place, sans attendre, une police municipale de proximité rattachée aux maires d’arrondissements, développer l’ilotage dans tous les quartiers, renforcer les patrouilles et disposer d’un maillage étroit de vidéo protection dans les zones sensibles.

Le bruit insidieux

On sous-estime les nuisances sonores. Elles sont invisibles, mais elles existent bien. 72 % des Franciliens disent en souffrir. Le bruit crée un retard d’apprentissage chez les enfants. Il est source de stress pour les personnes âgées, malades et fragiles. Dans sa vie, un habitant de Paris perd en moyenne 8,5 mois de pleine santé à cause du bruit. Les transports publics et privés en sont la cause. C’est pourquoi, il faut appliquer de nouveaux revêtements sur les chaussées et mettre un terme aux rodéos de voitures et de 2 roues qui rendent la nuit impossible aux habitants de nos quartiers du Nord Est de Paris.

Il y a aussi les nouveaux modes de vie avec l’intensification de la vie nocturne en bordure des canaux, des places, des parcs, jardins et terrasses des restaurants. Il y a aussi les nuisances classiques de voisinage que l’on tolère moins bien. Eh oui, les halls et les cages d’escaliers de nos immeubles ne sont pas des boites de nuit, des fumoirs ni des zones de commerces illicites ! Nous devons donc bâtir ensemble une charte de bonne conduite, dans l’espace public et les espaces privés communs, et la faire respecter par tous.

En mars 2020 à Paris, l’enjeu ne sera pas de choisir une étiquette politique, mais le ou la candidate qui saura protéger nos libertés et garantir notre volonté de mieux vivre ensemble.

Bernard Cohen-Hadad, président du Think Tank Etienne Marcel et président de la CPME Paris Ile-de-France.

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