En attendant un Gouvernement de combat

Article publié le 29 août 2024 sur le site de La Revue Politique et Parlementaire

Deux mois après le second tour des élections législatives anticipées, Bernard Cohen-Hadad appelle à la mise en place d’un « Gouvernement de combat » pour répondre aux besoins des Français et restaurer la confiance des acteurs économiques dans l’avenir.

La dissolution annoncée sans crier gare aurait pu avoir un effet positif sur la recomposition du paysage politique entreprise depuis 2017 par Emmanuel Macron. A deux conditions. D’abord que les partis jouent le jeu de la recomposition et ne fassent pas le choix d’un « front républicain » pour distordre la représentation et sauver leurs députés. Ensuite que chacun cesse de voir midi à sa porte, de tenter d’imposer sa propre lecture avantageuse des résultats électoraux et d’osciller de postures en impostures. Enfin que la méthode soit adéquate. Trop tardives, plus proches d’une consultation médicale infantilisante des groupes et des partis par le « docteur Macron », que d’une concertation politique, les « consultations » accouchent in fine d’une souris : chacun cherche des alliances de non-censure à l’Assemblée nationale.

Du bluff et de l’enfermement

La gauche de gouvernement et la droite républicaine sont enfermées dans leurs stratégies électorales. […] Ni l’une ni l’autre ne veulent embarquer à bord d’un Titanic

Alors qu’aucune force parlementaire n’a la majorité absolue à l’Assemblée et que le premier groupe parlementaire est le RN, LFI a tenté tout l’été un coup de force médiatique et un coup de bluff politique. A longueur d’entretiens, le NFP aurait gagné les élections, Lucie Castets serait légitime, tout le contrat de législature, et rien que lui, aurait vocation à être mis en œuvre. L’agitprop est le procédé de communication politique favori des mouvements gaucho-trotskistes. Aujourd’hui, le répertoire d’action contestataire de LFI est simple : destitution du Président, censure du Gouvernement, manifestations de rue. L’objectif est de malmener l’ordre politique (et économique) jusqu’à provoquer une élection présidentielle anticipée à laquelle Jean-Luc Mélenchon pourra se présenter in extremis.

La gauche de gouvernement et la droite républicaine sont enfermées dans leurs stratégies électorales. La première n’ose pas s’émanciper de LFI avant une probable nouvelle dissolution en 2025. La seconde ne veut pas être comptable du passif du Président sortant à 30 mois de la prochaine élection présidentielle. La première exige une cohabitation. La seconde est prête à soutenir un Gouvernement qui mettrait en œuvre son « pacte législatif » mais refuse d’y participer. Ni l’une ni l’autre ne veulent embarquer à bord d’un Titanic.

Répondre aux besoins des Français

Les circonstances du pays exigent maintenant de toute urgence la nomination d’un « Gouvernement de combat » pour répondre aux besoins des Français et restaurer la confiance des acteurs économiques dans l’avenir.

La dissolution ratée du 9 juin a ouvert une période d’incertitude gouvernementale inédite, fruit de la tripolarisation et de l’extrémisation de la vie parlementaire, qui sape la confiance dans l’action politique et nourrit l’attentisme économique. Pendant ce temps, les Français attendent toujours l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques qui apporteront des réponses républicaines à leurs besoins trop longtemps mis sous le boisseau. Avertissement : cette situation faisant le lit des extrêmes, le « sursis républicain » du 7 juillet pourrait donc être bref.

Les circonstances du pays exigent maintenant de toute urgence la nomination d’un « Gouvernement de combat » pour répondre aux besoins des Français et restaurer la confiance des acteurs économiques dans l’avenir. La France n’est pas une île isolée du reste du monde ! Il faut d’abord préserver et consolider l’actif économique, fiscal et social du bilan des dernières années. Il faut ensuite élaborer un budget ambitieux qui concentre enfin les efforts financiers pour répondre aux attentes prioritaires des citoyens : améliorer le pouvoir d’achat en favorisant la croissance et en créant des emplois ; garantir la sécurité, première des libertés, partout et pour tous en restaurant l’autorité républicaine ; soutenir la compétitivité des entreprises et des TPE-PME en mettant en place un choc de simplification administrative ; encourager une économie plus verte, humaine et responsable en privilégiant des mesures incitatives ; réduire l’endettement du pays en réformant l’action publique et en cessant d’empiler les échelons ; financer durablement le système de protection sociale en le rendant viable et en augmentant le temps de travail.

La France et les Français ont besoin d’entreprendre, de se projeter, d’investir. Seul un Gouvernement de combat mettra fin à l’incertitude politique. Seul il permettra aussi de poursuivre la politique économique et fiscale de l’offre favorable aux entreprises qui a fait ses preuves depuis 2017.

Crédit photo : X-Javier, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

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