Respecter le vote des Français et protéger leur économie

Article publié le 20 juin dans La Revue Politique et Parlementaire

Face au saut dans l’inconnu de la dissolution, le Président fondateur du think tank Etienne Marcel plaide pour faire vivre la démocratie tout en poursuivant les réformes afin de protéger la stabilité budgétaire et la crédibilité économique de la France.

Le président de la République a dissous l’Assemblée nationale dès l’annonce du revers de sa liste aux élections européennes. Les législatives de 2022 portaient probablement en germe cette dissolution, seul un « reset » pouvant permettre d’envisager un nouveau départ politique sur des bases parlementaires actualisées.

La dissolution de la chambre basse n’en est pas moins un saut dans l’inconnu. Si elle dure, l’instabilité politique, voire institutionnelle, pourrait saper les bases de la confiance économique.

Pour sortir par le haut de la crise née de l’absence de majorité parlementaire depuis le début du quinquennat, nous devons tout à la fois respecter la volonté des Français et protéger notre modèle économique.

Re-bipolarisation du paysage politique

Rétrospectivement, le « macronisme » pourrait n’avoir été qu’une parenthèse. Avant sa décomposition, le paysage politique français était bipolarisé entre la droite et la gauche. Une fois sa recomposition achevée, il pourrait être à nouveau bipolarisé, mais cette fois entre l’extrême droite et l’extrême gauche, aux dépens d’une troisième voie, le macronisme, lequel pourrait s’effacer à son tour.

Non seulement le clivage droite – gauche renaîtrait de ses cendres, mais ce clivage serait désormais radicalisé entre deux pôles extrêmes.

Ce serait alors l’échec de la transformation du paysage politique voulue par Emmanuel Macron. Il aura accéléré la décomposition sans que la recomposition ne se déroule comme prévu. D’autant que ces deux blocs radicaux portent une vision de l’économie contraire à la politique de l’offre menée depuis 2017 avec un relatif succès. N’oublions pas l’actif du bilan : ordonnances travail, loi Pacte, aides à la réindustrialisation, baisse de l’IS, réformes de l’assurance chômage et des retraites, primes défiscalisées, aide à l’embauche des apprentis… Sans oublier les aides pour faire face aux crises !

Respecter la volonté des Français

Quelles que soient ces avancées économiques, les Français ont régulièrement exprimé, dans la rue ou par leur vote, l’attente que soient traitées leurs préoccupations prioritaires concernant le pouvoir d’achat, la sécurité et l’immigration.

Ces derniers mois, l’Assemblée nationale était de moins en moins perçue comme légitime par les Français. Privée de fait majoritaire, elle peinait à adopter certaines réformes. Elle apparaissait de moins en moins représentative. Répondre efficacement et durablement aux préoccupations des citoyens est le seul moyen pour les députés de démontrer qu’ils restent en phase avec leurs électeurs.

Protéger notre modèle économique

L’un des enjeux des législatives anticipées est la crédibilité économique des futurs députés. Le « contrat de législature » du Nouveau Front populaire contient des propositions de « rupture » préoccupantes pour la stabilité politique, économique et sociale, avec notamment l’abrogation de trois réformes pourtant importantes, sur les retraites, l’assurance chômage et l’immigration. Le chiffrage global du projet avoisine les 300 milliards d’euros, avec de nombreuses mesures coûteuses, y compris pour l’entreprise, comme la retraite à 60 ans avec 40 annuités, l’augmentation du Smic à 1 600 € net ou encore la fin de la flat tax à 30% sur les revenus du capital.

Le programme du Rassemblement national n’est pas plus satisfaisant sur le plan économique. Il se caractérise par l’inconstance – sur les retraites, l’Europe – et les volte-faces – sur l’euro, la dette, etc. Ses propositions semblent évoluer sans cesse, au fil de la campagne, pour mieux s’adapter à l’esprit sondagier du moment. Son programme est lui aussi dispendieux, proche de la centaine de milliard d’euros, avec des mesures coûteuses comme la réduction de la TVA sur les carburants, le gaz et l’électricité, ou la retraite à 62 ans.

Même si c’est le choix des Français, le basculement de l’Assemblée nationale aux extrêmes pourrait précipiter une nouvelle crise économique, politique voire géopolitique. Nous le constatons déjà : les taux d’intérêt augmentent, les marchés s’affolent, les partenaires européens et internationaux s’inquiètent. Alors que plane dans certains milieux d’affaires un vent de banalisation ou résignation, n’oublions pas ce qui est vraiment en jeu : faire vivre pleinement notre démocratie représentative et nos valeurs républicaines, tout en poursuivant les réformes indispensables pour protéger la stabilité budgétaire et la crédibilité économique de la France.

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