Retraites : stop aux dérobades, crevons l’abcès par référendum

Considérant qu’il est urgent de garantir l’équilibre du système des retraites, Bernard COHEN-HADAD appelle à l’organisation d’un référendum pour mettre enfin en place un pacte social durable.

Notre système de retraite court à sa perte depuis plus de 30 ans : Balladur 1993, Fillon 2003, Woerth 2010, Touraine 2014, Borne 2023…  La suspension de la dernière réforme n’est ainsi que le dernier acte d’une mauvaise pièce qui dure depuis trop longtemps. Faute de majorité claire, l’inaction politique a un coût économique inacceptable. Assez de palliatifs ! Pour garantir la durabilité de notre modèle social et donner des perspectives claires aux entreprises et aux citoyens, nous devons désormais obtenir une réforme plus pérenne. Il est temps d’impliquer directement les Français et d’y recourir par le référendum.

Il est temps d’impliquer directement les Français et d’y recourir par le référendum.

L’urgence économique d’une solution durable

Le serpent de mer de la réforme des retraites hante notre débat public et économique depuis des décennies, engendrant un climat délétère d’incertitude et de défiance politique. Chaque cycle de grèves et de blocages frappe durement l’économie réelle. Nos chefs de TPE-PME, moteurs de l’emploi, n’ont plus le luxe du temps pour l’instabilité. L’incertitude chronique qui entoure les retraites insulte leur avenir. Ils exigent de la visibilité pour planifier leur développement, les embauches et les investissements.

Deux impératifs s’imposent. Sanctuariser les acquis, d’abord […] Moderniser le financement, ensuite.

Le temps des médecins de Molière est révolu. Notre système de retraite par répartition est un vieux patient dont l’état nécessite plus qu’un simple soulagement. La suspension de la réforme agit comme un analgésique, mais un analgésique n’a jamais guéri d’une maladie. Il est impératif d’exiger une chirurgie de fond pour garantir, pour tous, la pérennité du système. Pour cela, deux impératifs s’imposent. Sanctuariser les acquis, d’abord : nous devons rompre avec l’éternel recommencement et sanctuariser les réformes passées. Moderniser le financement, ensuite : pour sortir de la dépendance à la démographie, nous devons introduire une part de capitalisation dans le système par répartition.

Transformer le travail pour garantir l’équilibre financier

Une réforme durable de nos retraites ne peut se faire sans une profonde transformation de notre rapport au travail dans la mesure où l’équilibre financier en dépend directement. Le débat a dès lors dépassé la simple arithmétique : il est devenu un véritable baromètre de notre rapport au travail. Les Français ne réclament pas de travailler plus, mais de travailler mieux, en retrouvant un sens et une juste rémunération. La racine du déséquilibre n’est pas que dans les chiffres, elle est aussi dans l’épuisement et le manque de reconnaissance qui font fuir les travailleurs et assèchent en conséquence nos cotisations. Augmenter le taux d’emploi exige que l’emploi lui-même soit désirable. Deux leviers sont cruciaux dans cette perspective : revaloriser les bas salaires, pour désmicardiser la France, et lutter contre le management toxique.

Une réforme durable de nos retraites ne peut se faire sans une profonde transformation de notre rapport au travail […] Les Français ne réclament pas de travailler plus, mais de travailler mieux.

Les Français ont du bon sens. La solution n’est pas l’allongement mécanique de la durée de vie professionnelle. Elle réside plutôt dans un pacte intergénérationnel sur la qualité de vie et les conditions de travail. Le véritable enjeu économique est d’augmenter la productivité, non le temps passé. Cela implique de former les salariés, de moderniser les outils de production et de renforcer massivement les mesures de lutte contre la pénibilité. Le levier économique essentiel, c’est l’excellence du travail, pas son étirement. Ce sont l’innovation, la reconnaissance par le mérite et la valeur ajoutée qui paieront nos retraites, et non le simple nombre d’heures passées au bureau ou à l’usine.

Sortir de l’impasse par la voie référendaire

Mais l’impasse politique n’en demeurera pas moins. Le problème structurel ne trouvera probablement pas sa solution lors de la prochaine présidentielle, ni dans une énième convention des partenaires sociaux, tant chaque tentative de réforme se mue en une crise politique majeure. Il faut donc un changement radical de méthode.

Pour sortir de l’impasse, une seule voie offre une solution légitime et pérenne : consulter directement les Français par référendum. Cessons les débats dogmatiques, les avalanches de chiffres contradictoires et les postures idéologiques. Mettons toutes les cartes sur la table et confions aux citoyens le pouvoir de définir le nouveau pacte social qu’ils entendent assumer et léguer aux générations futures. C’est aux Français de trancher les voies et les moyens pour garantir l’équilibre de leur système de retraite : capitalisation partielle, allongement progressif du temps de travail, augmentation des cotisations sociales…

En tout état de cause, l’incertitude des retraites n’est plus soutenable pour nos entrepreneurs, nos salariés et surtout pour notre jeunesse : alors, vite, abandonnons les expédients idéologiques au profit d’une solution enfin plus démocratique et pérenne !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

M'inscrire à la newsletter