Pour Bernard COHEN-HADAD, une nouvelle dose de décentralisation est urgente pour libérer les Maires des chaînes de l’État centralisateur et de la complexité territoriale.
L’édition 2026 des élections municipales promet d’être un scrutin millésimé. Bien que centrées sur les enjeux quotidiens de nos 34 875 communes – sécurité, propreté, fiscalité locale, commerce de proximité, etc. -, ces élections auront une dimension nationale cruciale.
En première ligne face aux défis nationaux
Malgré leur rôle essentiel, ces élus sont de plus en plus entravés
Les maires sont, et ont toujours été, des acteurs politiques de proximité. Mais ils sont désormais en première ligne face à un nombre croissant de défis nationaux. De la transition écologique au logement, en passant par la cohésion sociale et, malheureusement, leur propre sécurité, ils sont le point de convergence des colères et des espoirs de nos concitoyens. On leur demande souvent de résoudre des problèmes qui dépassent largement les frontières de leur commune.
Pourtant, malgré leur rôle essentiel, ces élus sont de plus en plus entravés, c’est pourquoi l’enjeu prioritaire de ce scrutin sera, ni plus ni moins, que de libérer les maires des chaînes qui corsètent leur action municipale.
État centralisateur et complexité territoriale
Deux obstacles majeurs pèsent sur l’action locale. D’un côté, l’État centralisateur. […] De l’autre, la complexité territoriale.
Les missions du maire, qui vont de la gestion du budget communal à l’urbanisme et au maintien de l’ordre public , s’empilent et sont soumises à une multitude de normes et de responsabilités individuelles. Le champ sémantique qu’ils emploient – « chaînes », « tutelle », « étranglés », « boucs émissaires » – est explicite : ils se sentent entravés.
Deux obstacles majeurs pèsent sur l’action locale. D’un côté, l’État centralisateur. Il est la « bête noire », perçu comme l’obstacle principal. Il réduit les dotations budgétaires, impose des normes souvent inadaptées et doit même parfois autoriser des décisions communales. De l’autre, la complexité territoriale. La superposition des échelons (intercommunalités, départements, régions) crée des confusions de compétences et une lourdeur administrative. Cette complexité engendre une distorsion démocratique : les élus jugés responsables par les administrés n’ont pas toujours le pouvoir d’agir, et inversement.
Renforcer concrètement le pouvoir des maires
Ce pouvoir entravé, mis en balance avec la surexposition des élus, voire la mise en danger de leur personne et de leur famille, explique pourquoi de plus en plus de maires hésitent à s’engager ou veulent « jeter l’éponge ». Si nous voulons redonner à ce mandat local toutes ses lettres de noblesse, il est urgent de renforcer concrètement le pouvoir des maires.
Pour cela, trois principaux leviers doivent être actionnés. Premièrement, la fiscalité locale : donnons plus de latitude aux communes pour gérer leurs impôts et leurs ressources. Deuxièmement, la simplification administrative : créons une véritable « boîte à outils » pour les maires, leur permettant d’agir plus rapidement et simplement, via une collaboration intelligente avec les services de l’État. Troisièmement, le pouvoir réglementaire : permettons aux maires de prendre des décisions locales plus autonomes face aux contraintes juridiques, hiérarchiques et matérielles.
Si nous voulons redonner à ce mandat local toutes ses lettres de noblesse, il est urgent de renforcer concrètement le pouvoir des maires.
Décentralisation ? Chiche !
Les prochaines élections municipales seront donc un vote sur un défi éminemment démocratique : la décentralisation et la restauration de la confiance des citoyens dans l’action publique. Pour que vivent nos communes, franchissons le pas de la décentralisation et de la simplification.
Le nouveau Premier ministre, Sébastien LECORNU, a récemment confirmé sa volonté de porter un projet de loi sur la décentralisation, visant notamment la clarification des compétences entre niveaux de collectivités. Chiche !
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