TPE et PME d'île-de-France : tenir bon en 2021

Tribune | TPE et PME d’île-de-France : tenir bon en 2021

OPINION. La Covid-19 a libéré des élans de créativité et d’ingéniosité. Elle a accéléré des changements dont certains, utiles, devront être amplifiés en 2021.

Également publié sur latribune.fr

Lucides sur les efforts encore à accomplir, nos chefs d’entreprise fluctuent entre optimisme pour leur propre société et pessimisme pour l’économie française. La perspective d’un vaccin, une campagne de vaccination bien ciblée, le rebond économique asiatique, une meilleure gestion publique et privée de la crise peuvent éclaircir l’horizon 2021. Mais cette lumière, au bout du tunnel, éclaire crûment le chemin qui reste à parcourir, ses aléas, sa longueur, sa difficulté, avec le risque de restructurations lourdes et de casse sociale printanière.

Maintenir et améliorer les aides

Maintenir les aides publiques, travailler ensemble pour effacer une partie de la dette des entreprises, c’est leur permettre de se relever sans rechuter.

Tous les secteurs d’activité ne sont pas logés à la même enseigne. Aujourd’hui, 90% de l’économie française fonctionne cahin-caha mais 10% n’a toujours aucune visibilité. Certains ont pu rouvrir, d’autres ont un calendrier très « glissant » et sont échaudés par l’alternance des « stop » et des « go ». Les acteurs du tourisme, de la culture, de l’événementiel, de l’hôtellerie-café-restauration et des salles de sport sont toujours entravés. En Île-de-France, nous souffrons tout particulièrement, du fait de l’internationalisation de notre économie et de la dépendance au tourisme : plus de 300.000 emplois. A Paris, 42.000 des 63.000 boutiques étaient fermées pendant le deuxième confinement…


Le climat des affaires a rebondi, attestant la remarquable résilience des TPE-PME. Le gouvernement a beaucoup fait, et encore récemment en élargissant les dispositifs d’aides. Mais les TPE-PME sont affaiblies par les confinements. Il reste encore des trous dans la raquette et des problèmes d’orientation rapide des aides vers leurs bénéficiaires. Les indépendants et les travailleurs non-salariés sont les plus touchés. Pour eux, les aides ne sont pas au niveau des revenus perdus. Malgré les mains tendues des Régions, les loyers et les remboursements des pertes d’exploitation, suite aux fermetures administratives, restent deux points noirs.

Le partenariat État-Régions a montré son efficacité. Désormais la solidarité doit s’installer dans la durée de l’année 2021, voire 2022, en fonction de la situation sanitaire. Maintenir les aides publiques, travailler ensemble pour effacer une partie de la dette des entreprises, c’est leur permettre de se relever sans rechuter. Il ne s’agit pas d’un « soutien abusif ». C’est favoriser la confiance qui est le carburant du redémarrage du moteur économique du pays.

Amplifier les changements utiles

La crise a convaincu de l’utilité d’améliorer le dialogue entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur les questions d’intérêt commun liées à la politique économique et sociale.

La Covid-19 a libéré des élans de créativité et d’ingéniosité. Elle a accéléré des changements dont certains, utiles, devront être amplifiés en 2021. Le premier, c’est la proximité « retrouvée » et « augmentée » de nos TPE-PME. La fermeture des commerces de proximité a rappelé combien ils sont des vecteurs de lien social essentiels. Nombre de commerçants et artisans se sont « courageusement » lancés dans la digitalisation d’une partie de leurs activités. En se numérisant aujourd’hui, ils s’assurent de nouveaux débouchés pour demain. C’est en s’appuyant en même temps sur la proximité et le numérique que nos commerces pourront mieux faire valoir leur valeur ajoutée.


Le deuxième changement utile, c’est l’avènement du télétravail. La crise l’a significativement accéléré : avant le confinement, 8% des entreprises avaient développé le télétravail pour 25% de leurs salariés ; avec le confinement, elles étaient… plus de dix fois plus, à 84 % ! Il s’agit d’une révolution. Ce changement durable doit être choisi, adapté, territorialisé, sur mesure, en d’autres termes nécessairement concerté entre les différents partenaires sociaux et institutionnels, quel que soit le type d’entreprise.

Le troisième changement à amplifier, c’est la modernisation du dialogue social. La crise a convaincu de l’utilité d’améliorer le dialogue entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur les questions d’intérêt commun liées à la politique économique et sociale. En ce sens, les partenaires sociaux ont signé un nouvel accord national interprofessionnel sur le télétravail. En juillet, nous nous étions félicités du « nouveau chemin » du quinquennat et de la première conférence du dialogue social remettant les syndicats et le patronat au cœur du processus de prise de décision gouvernementale. Écouter, c’est bien ; entendre, c’est encore mieux ! 2021 devra permettre ce que nous appelons un « dialogue HQE », pour « dialogue à haute qualité d’échanges », et la poursuite des politiques économique, fiscale et sociale favorables aux TPE-PME.

L’indispensable sécurité économique

Enfin, un dernier changement est indispensable. Il dépend de l’État et de la Mairie de Paris : la restauration de la sécurité économique dans la capitale. En 2021, nous ne voulons plus subir de nouveaux samedis de violences urbaines à Paris ! L’état d’urgence économique dans lequel se trouvent nombre de commerçants, TPE et PME, très affaiblis par les conséquences économiques de la crise sanitaire, appelle une protection et une aide d’urgence, faute de quoi la dévitalisation commerciale et économique de plusieurs secteurs intra-muros sera difficile à enrayer.

Cet équilibre des permanences et des changements, c’est tout l’enjeu en 2021 pour que nos TPE-PME franciliennes tiennent bon.


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