Article publié le 4 Avril 2024 sur La Revue politique et Parlementaire
J’en appelle au législateur pour que l’assouplissement du travail dominical sur la base du volontariat soit généralisé après les JOP de Paris 2024.
La loi du 20 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 a créé une dérogation préfectorale temporaire au repos dominical, du 15 juin au 30 septembre 2024, afin de répondre aux besoins résultant de l’affluence exceptionnelle attendue de travailleurs et de touristes. L’adjectif « temporaire » est peut-être de trop. En octobre 2023, la Dares avait comptabilisé que 23,5% des Français, soit près du quart d’entre eux, ont travaillé au moins un dimanche sur une période de quatre semaines. Et si la dérogation était prolongée au-delà du 30 septembre ?
Sortir prudemment du maquis
Un simple assouplissement du travail dominical ne risquerait donc pas de le « banaliser ». Ni d’amoindrir les intérêts et les droits des salariés. Ni de revenir à faire finalement le choix d’une société consumériste et menaçant la famille.
En France, le travail dominical reste un tabou et le repos du dimanche un totem. Le débat s’inscrit dans l’histoire des luttes sociales et de la transformation du monde du travail. Il se situe au carrefour de nombreux enjeux économiques, sociaux et sociétaux. En France, le dimanche n’est pas, et ne sera probablement jamais, un jour comme les autres. Un simple assouplissement du travail dominical ne risquerait donc pas de le « banaliser ». Ni d’amoindrir les intérêts et les droits des salariés. Ni de revenir à faire finalement le choix d’une société consumériste et menaçant la famille.
La difficulté d’évoluer est illustrée par le maquis juridique des catégories de dérogations au repos dominical et des régimes de contreparties qui a sédimenté au fil du temps, en fonction des contraintes de l’offre et des besoins de la demande. Bien sûr, à long terme, les effets de l’ouverture dominicale peuvent s’avérer contrastés : dégradation de la productivité, augmentation de l’inflation… Ces effets dépendent des secteurs d’activité. En tout état de cause, il convient d’être attentif à la vitalité des commerces traditionnels.
Atouts économiques et soci(ét)aux
Un assouplissement du travail dominical présenterait de nombreux avantages économiques, sociaux et sociétaux. Y compris pour les commerces et les collaborateurs. Redynamisation de la croissance, création d’emplois, augmentation des salaires et du pouvoir d’achat… Il permettrait également de développer le tourisme dans certaines grandes villes, notamment internationales, et de répondre à la demande de plus de “shopping touristique”. Rappelons que pour ces achats des touristes, assouplir le travail dominical a un effet 100% positif, sans effet de report, sur le chiffre d’affaires des commerces. Un assouplissement permettrait de réduire les distorsions de concurrence entre magasins qui résultent de certains effets de bord en marge des « zones touristiques internationales », des « zones touristiques » et autres « zones commerciales ».
Assouplir le travail dominical répondrait aussi aux besoins et aux attentes des Français en matière de consommation et de loisirs le dimanche. Il permettrait de mieux tenir compte de ce qui est devenu une réalité pour un nombre significatif de Français : une évolution du modèle familial et de la structure des foyers. Il améliorerait ainsi certaines conditions du vouloir “faire société” et du mieux vivre ensemble le dimanche, cette aspiration impliquant le fonctionnement dominical de nombreuses activités. Certains individus plébiscitent par ailleurs le travail le week-end : chômeurs à la recherche d’un emploi, personnes seules, jeunes qui veulent s’installer, étudiants à la recherche d’un job, etc. Ils revendiquent leur liberté au travail par l’instauration d’un nouveau modèle social et ils comprennent mal ce blocage imposé, paradoxalement, au nom des acquis sociaux.
Fortifier le commerce, protéger l’emploi
…transformer la contrainte apparente d’un assouplissement du travail dominical en une véritable opportunité. Celle de s’adapter à l’évolution des modes de production, de distribution et de consommation pour lutter plus efficacement contre la concurrence 24/7 du commerce électronique.
Les commerces traditionnels ont déjà su profiter de la crise de la Covid pour digitaliser leur offre de biens et de services, créant ainsi de nouveaux marchés et relais de croissance. Grâce au « phygital », ils proposent une « proximité augmentée » appréciée par les consommateurs. Aujourd’hui, ces commerces ont un intérêt à agir pour choisir de transformer la contrainte apparente d’un assouplissement du travail dominical en une véritable opportunité. Celle de s’adapter à l’évolution des modes de production, de distribution et de consommation pour lutter plus efficacement contre la concurrence 24/7 du commerce électronique. Et trouver un nouveau relais de développement et de croissance. Ils pourraient ainsi mieux contribuer à revitaliser le commerce dans les centres-villes et les quartiers. Ce faisant, ils se fortifieraient et protégeraient donc mieux l’emploi.
D’où ma conviction et mon appel au législateur : généralisons maintenant, sur la base du volontariat, la modulation du repos hebdomadaire, en garantissant à chaque partie, patrons ou salariés, un partenariat gagnant-gagnant. Allons vers plus de simplicité, en permettant l’ouverture des magasins le dimanche à tous les métiers, à tous les commerces et à tous les services qui le souhaitent, sur la base du volontariat. Ce serait un bel héritage des JOP de Paris 2024.