Rappelant l’importance des libertés de travailler et d’aller et de venir, le Président du think tank Etienne Marcel appelle à davantage de sécurité économique dans les régions -à commencer par l’Île-de-France- par l’organisation, sous l’égide de l’État et avec l’ensemble des parties prenantes, « d’états généraux de la vie démocratique et de la sécurité économique ».
Certes, de tous temps, la liberté d’aller et de venir a été contrôlée par l’État car elle est un enjeu politique, économique et fiscal ; un enjeu sanitaire aussi, comme l’ont rappelé les restrictions de déplacements pendant la Covid.
Aujourd’hui, ce sont toutefois des groupes catégoriels minoritaires qui confisquent la démocratie et prennent en otage la vie sociale. C’est d’autant plus inacceptable qu’un jour de grève coûte, par exemple, au bas mot, un demi-milliard d’euros, en Île-de-France.
« L’exaspération de tous les travailleurs non sédentaires est déjà là »
Se déplacer, un droit économique
A Paris, les grèves dans les transports, les manifestations hebdomadaires, les confinements, les couvre-feu modifient progressivement et durablement les déplacements et les zones de chalandise. Certains commerces et services y ont ainsi perdu jusqu’à 50 % de leur clientèle les samedis. Ils ne la récupéreront jamais !
A fortiori lorsque se succèdent les réformes de mobilités peu concertées : restrictions de circulation, renchérissement du stationnement payant, ZTL, ZFE, etc. Ces changements impactent la vie économique et sociale, notamment celle des entreprises et des particuliers les plus fragiles.
L’exaspération de tous les travailleurs non sédentaires est déjà là… mais attention en plus à la double peine qui pourrait frapper les petits patrons, les collaborateurs, les fournisseurs, les sous-traitants et les clients, dans leur travail et dans leur vie ! Après avoir dû déménager des centres-villes, ils seraient interdits d’y revenir. L’acronyme ZFE deviendrait alors synonyme de « zone à forte entrave » des professionnels et de « zone à forte exclusion » des classes moyennes !
« Légaliser le service minimum dans les transports marquerait une avancée significative pour la liberté d’aller et de venir, partant celle de travailler »
Enfin un vrai service minimum des mobilités
D’aucuns ont bien essayé de concilier droit de grève à valeur constitutionnelle et principe de continuité des services publics en prévoyant un service minimum, notamment dans les transports en commun. Mais si ce service minimum est bien prévu par la loi du 21 août 2007 « sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs », son obligation n’est que de nature conventionnelle, non pas légale. Le syndicat Île-de-France Mobilités exige par exemple de la RATP un niveau de service d’au moins 50% pendant les heures de pointe. L’application laisse évidemment à désirer…
Légaliser le service minimum dans les transports marquerait une avancée significative pour la liberté d’aller et de venir, partant celle de travailler. Comment les organisations syndicales peuvent-elles encore justifier le maintien de la protection syndicale à ceux de leurs élus qui ne respectent pas les accords qu’elles signent institutionnellement, les résultats des négociations dans l’entreprise, le vote majoritaire des organisations représentatives, les conditions d’hygiène et de sécurité, la mise en place d’un service minimum de 50 % du trafic et de la vie de l’entreprise ?
D’autant que, au moment où les acteurs économiques se mobilisent pour plus de sobriété, la facture économique, financière et écologique de ces actions « nihilistes » reste à la charge de la communauté, accroît notre dette et ne fait que retarder la mise en place des nouvelles mobilités plus durables, responsables et accessibles aux petits entrepreneurs comme à leurs collaborateurs.
« Les entreprises ne peuvent pas sempiternellement assumer seules des pertes de chiffre d’affaires »
L’indispensable dialogue multipartite
Au-delà du signal négatif que ces mouvements plus ou moins contrôlés donnent de la stabilité sociale de la France, il faut retrouver le chemin de l’intérêt général et du bien commun.
Les entreprises ne peuvent pas sempiternellement assumer seules des pertes de chiffre d’affaires alors qu’elles affrontent déjà la féroce concurrence des géants du web et que certains politiques prônent matin, midi et soir, la guérilla idéologique tous azimuts, au Parlement et dans la rue ! Ces mêmes entreprises doivent, en revanche, assumer leur responsabilité sociétale et jouer – enfin !- pleinement leur rôle dans la vie des territoires et des quartiers.
Notre engagement pour une France plus décentralisée reste intact. Mais, dans un paysage économique atomisé et un contexte politique déstructuré, seul l’Etat dans les régions dispose de l’autorité nécessaire pour réunir l’ensemble des parties prenantes concernées dans des « états généraux de la démocratie et de
la sécurité économique ». Pour quoi faire ? Pour que ces parties prenantes se parlent, s’écoutent, essaient de mieux se comprendre, et identifient ensemble les voies et les moyens d’améliorer rapidement, clairement et durablement, dans le respect du droit constitutionnel de manifester, la situation sécuritaire économique.
En un mot, pour mieux vivre et mieux travailler dans les régions !
Article également publié dans la Revue Politique et Parlementaire.
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