Même avec 4 millions d’entreprises, en France, on a parfois l’impression que les PME comptent pour portion congrue. Pourtant, la diversité de leurs structures, leurs activités et leurs implantations constituent un maillage essentiel sur les territoires. C’est pourquoi, elles doivent profiter du grand débat national pour partager leurs projets, rappeler leurs valeurs et écouter le monde qui les entoure.
Penser le durable
Avec la crise des Gilets jaunes, on a beaucoup mis l’accent sur l’augmentation du prix du gazole et la baisse de la vitesse à 80 km/h. Certaines préoccupations sont légitimes, mais on ne peut pas regarder dans le rétroviseur et vouloir, dans le même temps, un environnement moins pollué sans s’en donner les moyens. Nos PME doivent travailler, sans complexes, à la transition écologique. Et penser à l’aménagement de l’entreprise et les mobilités durables. C’est-à-dire penser sa transformation écologique (déperdition d’énergie, utilisation de matériaux durables, isolation thermique…). C’est aussi envisager différemment les déplacements sur le territoire, dans le cadre de l’activité marchande mais aussi les déplacements journaliers des salariés, des clients et l’éloignement des zones de stockage. Cet enjeu dépasse la polémique sur le diesel. Et ce débat doit se dérouler de manière ouverte dans la cité, en mesurant les coûts pour chacun.
La responsabilité sociétale des entreprises
Appréhender la dimension citoyenne dans les PME patrimoniales et familiales, c’est ne jamais oublier qu’en matière civile ou pénale la responsabilité incombe de droit au chef d’entreprise. La RSE est un enjeu de long terme. Hélas, elle est trop souvent utilisée comme alibi, dévoyée par le marketing conjoncturel ou captée par des « commissions Théodule » savamment choisies pour ne rien faire. Ce qu’elles réussissent très bien. Naturellement, les PME s’investissent dans les territoires : inclusion économique des jeunes, entrepreneuriat au féminin, soutiens handicaps, achats responsables, bien-être au travail. Qui s’en soucie ? Ces bonnes pratiques restent à valoriser ensemble dans la mesure où les PME sont un lien de proximité.
Les corps intermédiaires
Notre démocratie française n’est pas malade d’aujourd’hui. La profusion d’expressions de libertés exclusives nuit à notre liberté commune. Et il est facile de mettre en cause les médias, qui ne sont que les caisses de résonance de notre mal d’être, dans notre époque. La vraie vie, ce n’est pas d’exprimer des rancunes personnelles sur les chaînes infos ! L’Etat, les élus, les administrations ne doivent pas se priver d’un dialogue avec les corps intermédiaires d’autant que les discours populistes font croire insidieusement que notre droit n’est pas le même pour tous. Ayons le courage de dire que nos entreprises souffrent et qu’il n’est pas acceptable de voir, chaque samedi, remis en cause nos principes républicains, notre démocratie représentative ou l’élection du président de la République. Des organisations représentatives existent. Il ne faut pas les court-circuiter surtout quand elles alertent justement sur les attentes des territoires.
Ces thèmes méritent de vrais débats pour sortir de l’entre-soi. Encore faut-il accepter d’écouter l’autre dans sa différence. A défaut, inutile d’avancer sur le chemin des réformes.
Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris-Ile-de-France, président du think tank Etienne Marcel.
Article paru le 28 février dans L’Opinion