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TRIBUNE | Pénurie de main d’oeuvre : l’immigration n’est pas un frein !

Alors que les enjeux de sécurité monopolisent le débat sur l’immigration, les entreprises font face à une pénurie de main d’œuvre sans précédent et ont un rôle à jouer pour recentrer les termes de ce débat sur le véritable enjeu : l’intégration des migrants dans notre société et dans notre économie par le travail, fil rouge du quinquennat du Président Macron.

Pénurie de main d’œuvre et difficultés d’intégration

« Empêcher l’immigration et le travail des migrants, c’est aussi pousser les entreprises françaises vers l’émigration de leurs activités là où la main d’œuvre est moins chère et abondante. »

La presse vient de publier un sondage indiquant que les Français ne sont pas opposés à l’immigration mais qu’ils souhaitent une meilleure intégration des migrants. Les initiatives et les appels en ce sens se multiplient : en juin, 10 patrons de grandes entreprises françaises lançaient un appel pour l’intégration des réfugiés dans les entreprises ; en novembre, le Conseil d’Analyse Économique (CAE) pressait le gouvernement à adopter des mesures pour attirer la main d’œuvre étrangère très qualifiée, sans quoi il compromettrait les chances de croissance de l’économie française.

Malgré la réforme de l’assurance chômage, les entreprises françaises peinent toujours à embaucher : 44 % des TPE PME ont des difficultés de recrutement et 57% d’entre-elles renoncent même à créer des emplois, et donc de l’activité supplémentaire en raison des difficultés de recrutement. Pendant ce temps l’extrême droite promet, on peut se demander comment, la fin de l’immigration.

Une promesse qui va à l’encontre de nos ambitions de développement économique voire de relocalisation des activités dans nos territoires. Empêcher l’immigration et le travail des migrants, c’est aussi pousser les entreprises françaises vers l’émigration de leurs activités là où la main d’œuvre est moins chère et abondante.

Deux problèmes, des solutions croisées

La France fait donc face à un défi économique et social avec d’une part un marché du travail sur-régulé qui bunkerise l’arrivée des migrants qualifiés et freine l’intégration des migrants non-qualifiés qui peuvent être tentés de s’enfermer dans leurs communautés à défaut de pouvoir travailler ; et d’autre part une pénurie de main d’œuvre qui affecte tous les secteurs de l’économie, tous les emplois, et freine la croissance et la compétitivité des entreprises françaises. Faciliter le travail des migrants permettrait donc de régler à la fois le problème « social » en déconstruisant les communautarismes grâce à l’intégration par le travail et le problème économique de pénurie de main d’œuvre et de manque d’attractivité de la France pour les travailleurs qualifiés.

Car pour attirer les travailleurs étrangers qualifiés, comme le rappelle le dernier rapport du CAE, la France et son marché du travail vont devoir redorer leur blason en termes d’attractivité et d’inclusion.

Une politique qui a, d’ores et déjà, porté ses fruits en Allemagne – pays d’Europe qui attire le plus de travailleurs qualifiés de l’Union européenne et du reste du monde – et qui a su séduire les migrants qualifiés par sa politique d’intégration des réfugiés. L’Allemagne qui vient de renouveler ce pari gagnant en fixant un objectif d’entrées par an sur son sol, avec un programme d’intégration qui repose sur l’entreprise. 

 » Moteurs de l’économie et des territoires, les TPE-PME sont aussi des vecteurs d’inclusion et des tisserands de lien social »

Les TPE-PME, des vecteurs d’intégration

Pour rendre son marché du travail aussi attractif que son modèle social, la France doit faire confiance aux entreprises afin de favoriser l’intégration et ainsi garantir un modèle alliant performance, solidarité et intégration. Pour cela, un dialogue renouvelé entre les entreprises, leurs représentants et les pouvoirs publics est nécessaire afin d’élaborer des politiques publiques en matière d’immigration et d’intégration aux plus près de besoins des entreprises, notamment des TPE-PME qui sont les plus impactées par la pénurie de main d’œuvre. 

Les TPE-PME, la crise sanitaire nous l’a montré, sont plus sensibles à la conjoncture économique et aux aléas qui affectent leur environnement. Mais elles sont aussi plus réactives aux politiques publiques, comme l’a illustré le plan de relance, et elles contribuent concrètement à la compétitivité de notre économie et au développement de nos territoires. Elles sont un acteur puissant de l’économie française représentant 99,8% des entreprises et embauchant près de la moitié des salariés du secteur privé. Moteurs de l’économie et des territoires, les TPE-PME sont aussi des vecteurs d’inclusion et des tisserands de lien social, intégrant plus facilement que les grands groupes les personnes éloignées de l’emploi grâce à leur fort ancrage local. 

Un programme d’intégration s’appuyant sur les entreprises de proximité dans les régions permettrait donc de faire d’une pierre deux coups en alliant d’un côté des entreprises, leviers d’inclusion, qui font face à une pénurie de main d’œuvre, et de l’autre l’immigration, vivier de main d’œuvre, qui rencontre des difficultés d’intégration notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Une façon de concilier enjeu économique et entreprise plus citoyenne !

Crédit photo : Affaires photo créé par javi_indy – fr.freepik.com

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