Article publié le 22 juin 2020 sur LesEchos.fr et écrit en collaboration avec Charles-Henri D’AUVIGNY et Frédéric HUIGNARD.
Pilier de la RSE, l’actionnariat salarié acquiert peu à peu ses lettres de noblesse au sein de nos entreprises, et pas seulement dans les plus grosses. Si l’objectif de 10% d’actionnaires salariés visé par la Loi Pacte semble encore loin, nombreux sont les dirigeants désireux de mettre en place un mécanisme simple et accessible pour associer leurs collaborateurs au capital de leur société.
Nous savons depuis de GAULLE que faire participer les salariés aux fruits de l’expansion d’une entreprise est dans l’intérêt durable de tous : le salarié, l’entreprise, l’économie et la société.
Au moment où l’Exécutif s’apprête à présenter un projet de loi pour le pouvoir d’achat, pourquoi ne pas proposer aux salariés du secteur privé de devenir actionnaires de leur propre entreprise ? Nous savons depuis de GAULLE que faire participer les salariés aux fruits de l’expansion d’une entreprise est dans l’intérêt durable de tous : le salarié, l’entreprise, l’économie et la société. D’autant que ce partage améliore aussi le dialogue social et rappelle combien le progrès est une œuvre avant tout collective.
Ajoutons que pour démocratiser l’investissement en actions des Français, dans le but de flécher leur épargne vers les entreprises, l’actionnariat salarié est un tremplin idéal. Il améliore la culture financière de nos compatriotes, jugée très insuffisante, et contribue à la stabilisation du capital, à la cohésion sociale et à l’équilibre de la gouvernance dans nos entreprises.
Si la volonté est là, les moyens à mettre en place semblent démesurés pour la plupart des dirigeants de PME en France. A tel point qu’il existe peu de statistiques sur l’actionnariat salarié en dehors des entreprises cotées, qui sont plus de 80% à l’avoir mis en place, majoritairement à travers un fonds commun de placement d’entreprise (FCPE).
Le FCPE s’avère toutefois coûteux et complexe à mettre en place dans une petite ou moyenne entreprise. L’actionnariat en direct se révèle plus pertinent, d’autant plus que les dirigeants voient en lui la combinaison d’un engagement financier et d’un affectio societatis qui donne un sens plus fort à la démarche.
Faciliter la liquidité du capital dans le non coté
Reste à savoir comment faire vivre le capital après l’entrée de salariés. Si l’objectif reste bien de fidéliser le collaborateur, l’absence totale de liquidité est un frein.
Un mécanisme de liquidité organisé s’avère alors utile pour permettre à des actionnaires salariés de se revendre des actions entre eux.
La gestion manuelle de ces opérations (recherche d’une contrepartie, édition des ordres de mouvement, mise à jour des registres…) s’avère fastidieuse et chronophage, surtout dans les petites structures, ce qui est un autre frein constaté à la mise en place de l’actionnariat salarié pour les entreprises non cotées.
L’arrivée de solutions digitales rendant ce processus plus fluide devrait largement contribuer à la montée en puissance de l’actionnariat salarié dans des entreprises qui ne s’imaginaient pas pouvoir le mettre en place.
Des mesures incitatives encore nécessaires
L’essor de l’actionnariat salarié en direct dans les PME françaises requiert des mesures de simplification ou d’incitation. Nous savons par exemple que le logement de titres non cotés dans un PEA-PME est un parcours du combattant du fait de la réticence des établissements bancaires qui, à leur décharge, peinent à obtenir des sociétés non cotées les documents requis ; le régime fiscal de détention d’actions, que l’on soit salarié ou non, doit être harmonisé ; les droits d’enregistrement sur cessions d’actions doivent être supprimés en deçà d’un certain montant de transaction ; la notion de contrat de liquidité qui existe pour les sociétés cotées devrait être transposable au non coté pour favoriser la liquidité.
Un engagement encore plus fort de tous les acteurs de la chaîne, y compris des pouvoirs publics, doit rendre l’actionnariat salarié en direct plus attrayant et surtout accessible aux PME et ETI non cotées. Aux Etats-Unis, le système de retraite par capitalisation stimule naturellement l’actionnariat salarié. En France, notre système de retraite par répartition ne doit pas être un frein à l’investissement en actions car c’est la meilleure manière de faire enfin émerger un capitalisme plus participatif.