Tourner la page de la querelle des retraites

Pour renouer le dialogue social sur les priorités, à commencer par l’emploi des seniors, le Président du think tank Etienne Marcel appelle l’Exécutif à n’être ni trop précis ni trop pressé.

La réforme des retraites n’était pas un choix mais une nécessité impérative, pour contribuer, même modestement, à la maîtrise de nos dépenses publiques, donc réduire notre dépendance financière aux marchés et permettre à nos enfants de ne pas vivre demain sous le joug de nos créanciers d’aujourd’hui. Maintenant, ça suffit ! Il faut tourner la page de cette querelle et ouvrir un nouveau chapitre économique, social et sociétal. Les mouvements sociaux récurrents, certes légitimes, mais qui pénalisent l’activité des entreprises et des salariés, doivent cesser.

Nouvelle loi « travail »

Il faut répondre aux attentes exprimées par les Français, en recherchant de nouveaux équilibres autour de quelques priorités : améliorer les conditions et redonner du sens au travail, revaloriser les revenus et les carrières, promouvoir l’emploi des seniors, mieux partager la valeur dans l’entreprise, améliorer l’articulation entre démocratie sociale et démocratie politique.

La réforme des retraites a confirmé le besoin de redonner du sens au travail.

Le rapport à celui-ci n’est plus le même depuis la pandémie. Chacun l’a interrogé, réinventé, se l’est un peu réapproprié. Dans une société d’individus plus éduqués, ceux qui le peuvent ont gravi un échelon de la pyramide de Maslow. Ils sont en quête d’accomplissement de soi. Et ils veulent mieux articuler travail et vie personnelle. Avoir un chemin de vie choisi.

En effet « il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir ».

Albert Camus

L’emploi des seniors est la priorité des priorités. Les mesures favorables de l’index et du CDI seniors retoquées par le Conseil constitutionnel doivent être remises sur le métier législatif dans le cadre d’une future loi « travail ». L’équilibre des finances publiques, comme de la réforme, exige d’augmenter le taux d’emploi des 55-64 ans. Mais nous ne devons pas oublier les jeunes, tout particulièrement ceux de la « génération sacrifiée » de la Covid.

La valeur en partage

Le 10 février, les partenaires sociaux ont conclu un accord national interprofessionnel (ANI) historique visant à développer la participation et l’actionnariat salarié, notamment dans les PME. Cet accord sur le partage de la valeur doit être transposé dans la loi. Attention à ne pas en dénaturer l’esprit ou la lettre. Cela dégraderait un peu plus le dialogue social alors que les syndicats de travailleurs viennent de subir un revers sur les retraites.

Les dispositifs légaux de partage de la valeur existants pourraient aussi être assouplis, avec des
avances pour les salariés au-delà des seuls accords d’intéressement et le déblocage anticipé du
plan d’épargne d’entreprise (PEE) pour les proches aidants ou le financement de travaux de
rénovation énergétique.

Ni trop précis ni trop pressé

La parole présidentielle n’est pas performative… Dire, ce n’est pas faire ! Il y a parfois loin de la coupe aux lèvres. Si le Président a affiché dans son allocution du 17 avril une volonté et une énergie, c’est à l’aune des suites concrètes données aux échanges avec les organisations patronales et syndicales que la réussite de la relance du quinquennat pourra être mesurée.

Pour renouer le fil du dialogue social, le Président ne doit être ni trop précis, ni trop pressé. Il doit laisser du grain à moudre et du temps afin de se mettre d’accord avec les représentants des employeurs et des travailleurs pour agir d’une certaine façon sur les questions d’intérêt commun liées à la politique économique et sociale. Il doit aussi respecter les accords conclus par les partenaires sociaux à l’occasion de leur transposition dans la loi.

Cette révision de la méthode réformatrice est d’autant plus nécessaire qu’une loi comme celle des retraites est « biodégradable », au sens où le législateur doit souvent la réviser pour tenir compte de l’évolution de ses paramètres : n’insultons pas l’avenir du dialogue social !

Manifester autrement

Qu’auraient pensé Pierre AVRIL ou Maurice DUVERGER des images récentes d’un Conseil Constitutionnel barricadé ?

La démocratie sociale ne peut prévaloir sur la démocratie politique : la rue influence mais c’est le Parlement qui décide !

En conséquence, nul ne doit céder au chantage au blocage d’une ultra-minorité de gréviculteurs bruyants. La liberté de travailler, d’aller et venir, la continuité du service public, le droit de mener une vie familiale normale, sont des libertés tout aussi fondamentales et des principes à valeur tout aussi constitutionnelle que la liberté de manifester et le droit de grève. C’est pourquoi une évolution législative serait la bienvenue pour enfin instaurer une véritable obligation de service minimum dans les transports en commun. L’image et l’attractivité de la capitale et du pays sont en jeu, notamment dans la perspective des JOP de Paris 2024.

Crédit photo : rawpixel.com on Freepik

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