Article publié dans La Tribune du 6 janvier 2020
Pour nos entreprises, faire le bilan de l’année 2019, c’est reconnaître qu’il s’agit d’une année contrastée. D’un côté, des mesures qui vont dans le sens d’une plus grande simplification, d’un accompagnement, d’une dynamisation économique de nos TPE et PME avec, par exemple, les différents volets de la loi Pacte, des taux d’intérêts bas et une grande disponibilité du crédit en matière d’investissements.
De l’autre, des blocages qui perdurent avec les effets gilets jaunes et les mouvements des grèves. Ces derniers événements touchent principalement les plus fragiles de nos petites entreprises à Paris et en Ile-de-France. Et si la Coface annonce, d’ores et déjà, 52.000 cessations d’activités en 2020 nous ne souhaitons pas que l’année nouvelle soit une annus horribilis. Dans cet esprit, nous formons trois vœux.
Un vœu économique tout d’abord.
Nos entreprises TPE PME franciliennes et leurs collaborateurs ne peuvent pas vivre indéfiniment entre le « marteau » des gilets jaunes et « l’enclume » des grèves dans les transports. Tous veulent pouvoir se déplacer librement et « tout simplement » aller travailler, se rendre chez des clients ou des fournisseurs ou pouvoir aller chercher des enfants à l’école… On comprend l’inquiétude du secteur public dans la réforme des retraites et même si les mouvements sociaux ont une part de légitimité (constitutionnalité du droit de grève) leur durée, très longue, nuit gravement à l’économie des petites entreprises. A Paris et en Ile-de-France, nous assistons à un «économicide » de nos TPE et PME.closevolume_off
La longue durée de ces mouvements, les slogans afférents, les violences contre les personnes et les biens qui jalonnent certaines manifestations remettent en cause nos élus, nos institutions, nos votes et nos corps intermédiaires et menacent en réalité notre démocratie représentative en prétendant la remplacer par une « démocratie manifestante » (pour reprendre l’expression du politologue Pascal Perrineau). Nous demandons maintenant le retour d’un dialogue responsable afin que l’économie et la politique puissent reprendre leurs droits !
Un vœu politique ensuite
Ces derniers mois, ces derniers jours, nous avons été blessés par le silence, l’attentisme, ou les larmes de crocodiles de certains élus vis-à-vis des difficultés rencontrées par nos petites entreprises. Pour ces raisons, en 2020, la voix des chefs d’entreprise parisiens et franciliens doit être entendue lors des élections municipales afin de pouvoir influencer des politiques publiques pour des villes plus « TPE-PME friendly ».
En octobre, la CPME Paris Ile-de-France a versé des idées dans le débat public avec un livre blanc de 40 propositions « pour mieux vivre et travailler à Paris ». En novembre et décembre, nous avons échangé avec les candidats, qui ont bien voulu nous recevoir, et les élus sur nos priorités et nos propositions. Les idées ayant vocation à être incarnées, nous allons dans les prochaines semaines: exprimer, à Paris, notre soutien au candidat ou à la candidate qui les portera le mieux ; encourager nos adhérents à les faire vivre en étant eux-mêmes candidats sur les listes, de leurs choix, dans les arrondissements de Paris et dans les communes d’Ile-de-France.
Enfin, un vœu sociétal
Nos chefs d’entreprise parisiens et franciliens sont déjà à l’avant-garde de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous avons toujours considéré que l’entreprise devait être une « entreprise citoyenne », qu’elle devait valoriser les bonnes pratiques et assumer pleinement, par conséquent, son rôle dans la cité. Nos PME doivent maintenant devenir des exemples en matière de changement pour l’égalité femmes-hommes afin de pouvoir entraîner la société toute entière. La cause de l’égalité femmes-hommes – déclarée grande cause nationale du quinquennat par le Président de la République – est une cause qui nous tient particulièrement à coeur parce qu’elle nous concerne tous. Et il reste tant à faire pour l’entrepreneuriat féminin, l’emploi des femmes de plus de 45 ans, la transmission d’entreprises, l’accès aux responsabilités, l’égalité des salaires…
« L’espoir fait vivre mais comme sur une corde raide » écrivait Paul Valéry. Il en est ainsi, depuis des années, du sort de nos petits entrepreneurs, artisans, commerçants. Pour un entrepreneur, il faut par nature être optimiste. Femme ou homme, le chef d’entreprise est un être particulier : Il aime jusqu’à l’hiver. Certes, au début les jours sont courts mais, après, ils rallongent ! Chaque commencement, comme un début d’année, est donc une promesse.