Cette année nous aurons un 14 juillet particulier. Notre fête nationale a été « réinventée » et au lieu du traditionnel défilé des troupes qui descendent les Champs Elysées nous rendrons un hommage aux personnes civiles et militaires engagées dans la lutte contre la Covid-19. Je ne sais pas si l’Etat a prévu, dans cette fête militaire, de penser à nos entreprises mais « les activités essentielles » ont contribué à participer à la guerre contre la Covid-19 et ont assuré l’intendance de notre vie quotidienne pendant le confinement. Comme dans un conflit armé, La Covid-19 a touché profondément l’économie de la France comme beaucoup d’autres économies en Europe et dans le monde. La crise sanitaire a emporté des vies et donc des femmes et des hommes porteurs de traditions professionnelles et de savoir-faire dans nos territoires.
En Ile-de France c’est 1.1 million d’entreprises et 6.3 millions d’emplois salariés et non salariés qui ont été touchés directement ou indirectement. Alors que la reprise économique est engagée, que la production marque encore le pas, la consommation est l’un est des leviers qui peut nous permettre de limiter notre dette. Les 90 jours que nous venons de vivre renforcent notre conviction et notre objectif: encourager le développement des filières responsables « made in France » mettre à l’honneur les métiers, les compétences, la diversité et la qualité du tissu économique qui existent dans notre territoire hexagonal et ultramarin.
En Ile-de France c’est 1.1 million d’entreprises et 6.3 millions d’emplois salariés et non salariés qui ont été touchés directement ou indirectement
Valoriser notre Histoire et nos entreprises
Ces dernières semaines nous avons été surpris, pour ne pas dire choqués, de voir des mouvements de foule, comme dans les pays totalitaires, faire tomber ou tagger des statues et essayer de remettre en cause ceux qui ont fait notre Histoire. Voltaire, Colbert, Ferry, Schoelcher, De Gaulle avaient comme tout un chacun des « défauts » en tant qu’hommes et leurs écrits, leurs actions ont pu soulever des oppositions voire des polémiques à leur époque et dans leur temps. Mais leur apport reste indispensable pour ce qui fait la richesse de notre construction nationale. Il en est de même des Laffitte, Pereire, Wendel, Chanel, Renault, Citroën, Dassault, et bien d’autres encore dans le monde de l’entreprise, leur travail a révolutionné notre monde financier et industriel. Et nous devons en être fiers !
Aimer nos entreprises, c’est avoir la pudeur de notre influence géopolitique et savoir mesurer justement ce qui fait la force et les faiblesses économiques de notre pays.
Mettre en valeur les entreprises de France, en France et au-delà de nos frontières, la qualité des produits que nous fabriquons, le courage des entrepreneurs femmes ou hommes, et la réussite des reprises ou des transmissions d’entreprises, n’est pas dans notre culture. Et même si les médias et les politiques vantent parfois, ici et là, les mérites de nos entrepreneurs, et la qualité des produits du monde agricole, on sent bien que mettre en avant « nos » mérites passe trop souvent pour « l’ambition déplacée » du « folklore » ou de la « fierté excessive ». C’est dommage, d’autant que d’autres peuples et d’autres pays ne se font pas violence en assurant partout dans le monde la promotion de leurs réussites, leurs productions ou de leurs talents.
On pense bien entendu aux USA, Japon, Allemagne, Grande Bretagne… on peut aimer la France, ses entreprises de services, son outil de production et la diversité de ses bassins d’emplois et se regarder sans fard dans un miroir comme dans la mondialisation des échanges. Aimer nos entreprises, c’est avoir la pudeur de notre influence géopolitique et savoir mesurer justement ce qui fait la force et les faiblesses économiques de notre pays. N’ayons donc pas « honte » de ce qui se conçoit, se produit et fait quotidiennement la particularité du tissu économique de nos régions.
Savoir se différencier est un atout
La valorisation des terroirs – même en matière industrielle – est devenue un élément de différenciation voire un atout. Chacun a pris conscience que les chantiers de « l’usine du futur » et de « l’entreprise 4.0 » devaient redevenir prioritaires. La Covid-19 a permis de progresser dans cette voie avec la prise de conscience de notre dépendance économique et stratégique.
La transformation dans l’urgence des outils de production afin de fabriquer du gel hydro alcoolique, des blouses, des maques, des respirateurs… a été salutaire. Cette attitude positive est fondamentale pour la survie de l’économie et pour l’emploi de proximité a montré que, même dans le cadre de notre engagement européen, on ne peut laisser un sujet comme celui de la promotion de nos savoir-faire et de la préférence nationale aux polémiques politiciennes. Aimer nos entreprises ce n’est pas s’engager dans un nouvel isolationnisme, promouvoir la sortie de l’Union Européenne, abandonner l’Euro et fermer nos frontières aux compétences. La fierté économique, l’accompagnement de nos entreprises et l’amour de la France ne doivent pas nous conduire à « un repli sur nous-mêmes ».
Protéger la liberté d’entreprendre
La fierté économique, l’accompagnement de nos entreprises et l’amour de la France ne doivent pas nous conduire à « un repli sur nous-mêmes ».
Notre société vit dans défiance permanente et la morosité. Elle ne croit plus à grand-chose. Elle ne croit même plus en elle-même ! Elle doute de son Histoire, des valeurs humanistes qui ont fondé la République et du progrès qui est né des avancées industrielles et des luttes sociales. Souvent par manque de culture, et de temps, nos citoyens font de l’amalgame. Ils se sentent politiquement abandonnés et perçoivent la réalité de notre pays à travers la vision déformée de la « démocratie médiatique ». C’est vrai, alors que nous vivons dans un système économiquement et socialement protégé, beaucoup de français, salariés et non salariés, même nos petits entrepreneurs sont économiquement paupérisés. Mais ce n’est pas « La France » qui est en cause.
Nous vivons dans un monde d’interdépendances économiques où les performances de certains pays émergents cachent parfois une absence de règles de sécurité, des salaires indécents, un défaut de système de soins ou de retraites… En France, le dialogue social a toujours permis de trouver de bons équilibres. A part quelques nostalgiques des idéologies totalitaires, personne ne souhaite la mise en place d’une planification dirigiste et aveugle ni d’un libéralisme carnassier et sauvage. Les événements que nous venons de vivre, la crise sanitaire, les défis des crises économiques et sociales doivent nous conduire à affirmer une exigence de la diversité et du vivre ensemble. Et réaffirmer nos valeurs. L’entreprise citoyenne peut être le lieu de mutualisation des énergies si nous y valorisons une haute qualité d’échange dans le dialogue social.
Aujourd’hui, Il y a nouvelle clientèle, en France et à l’international, qui aime « la France » et qui recherche plus d’authenticité, du fait main, des vraies saveurs ou du lien de proximité. Il suffit de voyager à l’étranger pour mesurer que tout le monde connais « Paris » et « la France ». C’est pourquoi, malgré le choc de la crise sanitaire, il faut continuer les réformes, être novateur (y compris en matière environnemental) et créer, en France, les conditions économiques et sociales de la dynamique entrepreneuriale. On rêve de pouvoir dire demain « heureux comme un entreprise en France ».
Bernard COHEN-HADAD
Président du Think Tank Etienne Marcel
Membre du Souvenir Français 17ème
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