Après la réforme des retraites, réapprendre la démocratie et renouer le dialogue

Tribune parue le 19 mai sur le site de l’Opinion

Dans les prochaines semaines, des occasions sont à saisir pour mieux dialoguer à tous les niveaux – parlementaire, social, entrepreneurial : pour Bernard COHEN-HADAD, président du think tank Etienne Marcel, il faut réapprendre la démocratie dans ces différents collectifs.

Gouvernement d’un collectif par lui-même, la démocratie est malmenée dans l’hémicycle, dans la rue, dans l’entreprise. Partout, elle doit être apprise à nouveau. Pas seulement pour le principe, mais aussi par pragmatisme.

L’abus du rapport de forces

À l’Assemblée nationale, dans la rue, dans l’entreprise, le rapport de forces a été omniprésent ces derniers mois. Il a été particulièrement exacerbé. Or, l’abus du rapport de forces nuit gravement au dialogue et à la démocratie…

Dans l’hémicycle, les manœuvres de guérilla et de contre-guérilla parlementaire – obstructions, passages en force, coups de force, etc. – se sont succédées tout au long de l’examen du projet de loi de réforme des retraites. Dans la rue, les violences urbaines ont éclipsé les revendications des manifestations en marge desquelles elles se déroulaient, ralenti l’activité économique, désorganisé le travail et dégradé l’image du pays et de sa capitale. L’entreprise n’est pas épargnée, les blocages sauvages, les actions isolées de syndicalistes contre des sites industriels ou des menaces contre élus de la République montrent l’urgence de revenir à un dialogue social apaisé.

Saisir l’occasion

La réforme des retraites promulguée, plusieurs textes inscrits à l’ordre du jour du Parlement – sur le partage de la valeur, sur le plein emploi, sur le travail – offrent des occasions pour mieux débattre et dialoguer. Ces textes sont d’abord une occasion pour améliorer le débat parlementaire. Les Français sont constants sur la voie à suivre : d’après un sondage Elabe d’avril, 65% des sondés considèrent toujours que « c’est une bonne chose pour la démocratie et le débat » que les partis soutenant le Président de la République n’aient pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale, car « cela va obliger Emmanuel Macron à faire des compromis et négocier avec les autres forces politiques« .

Plusieurs textes inscrits à l’ordre du jour du Parlement offrent des occasions pour mieux débattre, dialoguer, améliorer l’articulation entre démocratie sociale et démocratie politique et renouer les fils du dialogue social. Ces textes sont enfin une occasion pour améliorer le travail dans l’entreprise.

Ces textes sont aussi une occasion pour améliorer l’articulation entre démocratie sociale et démocratie politique. Pour renouer les fils du dialogue social, l’Exécutif doit laisser du grain à moudre et du temps aux partenaires sociaux, n’être ni trop précis, ni trop pressé. Redonner leur juste place à tous les corps intermédiaires est une attente des Français, un enjeu de démocratie dans les territoires et de dialogue social dans les entreprises. Le 10 février, les partenaires sociaux ont conclu un ANI historique visant à développer la participation et l’actionnariat salarié, notamment dans les PME : sa transposition dans la loi devra en préserver l’esprit et la lettre. 

Ces textes sont enfin une occasion pour améliorer le travail dans l’entreprise. Les besoins et les attentes des salariés ont évolué depuis la pandémie. Au-delà du salaire, ils sont préoccupés par la qualité de vie au travail, avec l’équilibre de vie, le télétravail, un management moins vertical, la formation continue ou encore la semaine de 4 jours. L’entreprise doit progresser dans la démarche RSE. Si la qualité de vie au travail a un coût, elle n’a pas de prix pour faire adhérer au collectif et être source de confiance, d’efficacité et de productivité.

Mieux de démocratie

Avoir dans les territoires des organisations syndicales et patronales fortes et représentatives est un enjeu éminemment démocratique. Pour cela, encore faut-il que certaines pratiques soient changées.

Oui à plus de démocratie au quotidien ! Car plus de démocratie et de dialogue, c’est moins d’abus du rapport de forces ; plus de RSE, c’est moins de « wokisme économique ». En veillant à ce que cette démocratie quotidienne ne devienne jamais synonyme de banalité, ce qui annoncerait une dangereuse lassitude…

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