Bernard Cohen-Hadad, président de la commission Financement des entreprises à la CGPME et du think tank Etienne Marcel, réagit à l’élection de François Hollande. Il forme le vœu que la fiscalité ne soit pas alourdie pour les PME et que l’accès au crédit leur soit facilité.
Quelle est votre première réaction après l’élection de François Hollande ?
Ce qui nous intéresse maintenant, c’est de voir quelles seront les propositions que François Hollande a formulées devant la CGPME, qui pourront être mises en œuvre. Quelle majorité il obtiendra pour quelle politique… Mais globalement, j’ai confiance dans la démocratie.
Quel est le premier message de la CGPME au président élu ?
La campagne a mis en suspens un certain nombre de dispositions, notamment en ce qui concerne l’accès au crédit, alors que 30% des PME se voient refuser un crédit aujourd’hui. Il est important que nous revenions à une stabilité des normes, à une confiance dans l’économie, à un accès au crédit plus large, et que nous n’ayons pas une politique qui prenne le contre-pied de toutes les mesures construites avec René Ricol [commissaire général à l’investissement, Ndlr].
Il va falloir veiller à la stabilité administrative, à ne pas alourdir les charges qui pèsent déjà sur les petites entreprises, à maintenir et encourager les aides à l’export, et à ne pas durcir les règles du dialogue social. François Hollande s’est engagé à réduire les charges des PME, c’est très positif. Il faut maintenant espérer que la crise n’entraîne pas des mesures de durcissement supplémentaires comme un alourdissement de la fiscalité des entreprises. C’est d’ailleurs sans doute sur ce sujet que la gauche sera attendue par les PME.
La question qui se posera est : comment penser la croissance dans une crise qui dure ?
Quel est votre sentiment en ce qui concerne la création d’une banque publique d’investissement ?
Il faut renforcer le rôle d’Oseo, et que cette structure soit plus accessible aux chefs d’entreprises. Mais je crains que le projet de réforme bancaire de séparer les activités de banque de détail des activités de marché, n’ait une implication négative sur la disponibilité du crédit bancaire, d’autant plus que ce projet s’ajoute, pour les banques, aux réformes de Bâle 3 et de Solvabilité 2.
Le doublement du plafond du livret A pour financer les PME vous semble-t-il une mesure positive ?
Oui, à condition que le livret A ne soit pas opposé à l’assurance vie, qui joue elle aussi un rôle dans le financement des entreprises. Les démarches menées envers ces deux placements doivent donc être complémentaires. Il faudrait par ailleurs améliorer la traçabilité des fonds destinés au financement des entreprises.
L’élection va-t-elle rebattre les cartes des relations entre la CGPME, Oseo et les pouvoirs publics ?
Il faut continuer à construire le dialogue instauré notamment depuis la crise de l’été 2011 et ne pas multiplier les interlocuteurs, car les chefs d’entreprise, eux, demandent toujours plus de lisibilité et un interlocuteur unique. Ne bâtissons pas le palais de Dame Tartine en y ajoutant encore des étages ! Il va falloir reconnaître les mesures positives qui ont été prises et corriger le tir pour les autres. Cela nécessitera d’être un peu chirurgical : choisir quels dispositifs maintenir, lesquels supprimer, voire lesquels regrouper.
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