La gauche est désormais à la tête de tous les leviers institutionnels, présidence de la république, parlement et régions. Dans la campagne, François Hollande s’est efforcé de ne pas opposer les Français, petits patrons et salariés, qui vivent des moments difficiles. Aujourd’hui, il faut gérer la crise qui dure, amorcer la relance, et l’on se demande, au-delà des discours d’intentions, si la gauche saura s’appuyer sur le monde de l’entreprise et gagner sa confiance.
En effet la gauche radicale connait mal le monde de l’entreprise. Elle l’approche surtout dans les luttes, dans les usines, et à tendance à le diaboliser mêlant les 100 familles, le mur d’argent, les grandes entreprises,les petites et les moyennes. Ce n’est tout simplement pas son univers. Un patron, c’est un patron et ça le reste. Et les patrons ne sont pas des compagnons de route ni de défilés. Pour la gauche lyrique, il n’en va pas toujours ainsi même si la composition du parlement et du gouvernement montrent ce décalage (combien de dirigeants, combien d’entrepreneurs ?). Certains de nos édiles, ceux-qui ont déjà une expérience du terrain – dès leur prise de fonction et en bon politiques – ont fait passer le message: ils sont à l’écoute des PME. Cette partie fréquentable de l’entrepreneuriat. Et pourtant, si l’on fait un peu d’histoire chacun conviendra que les relations entre la gauche et les entreprises ne sont pas simples. Elles ne peuvent, en aucun cas, se limiter aux symboles des 35 heures, à l’augmentation du SMIC ni au slogan « il faut faire payer les riches ».
En effet toute la gauche n’a pas la même sensibilité vis-à-vis du monde de l’entreprise. Cela va du rouge au vert ! Et de tous temps une partie de la gauche « réaliste », la gauche « responsable » s’intéresse à l’entreprise. On l’observe déjà et depuis des années dans le cadre de la gestion municipale et régionale où les exécutifs locaux sont engagés pour améliorer le financement en faveur des entreprises. En matière gouvernementale, il suffit se replonger dans les programmes et l’action de Pierre Mendès France, Laurent Fabius ou Michel Rocard pour s’appuyer sur une forte pensée économique et un vrai corpus entrepreneurial. Car en matière d’économie et de gouvernement il n’y a pas d’autres solutions que de choisir de parler vrai et de s’appuyer sur les acteurs économiques responsables pour créer durablement de la richesse et de l’emploi. Ne doit-on pas à des gouvernements de gauche le crédit impôt recherche, les FCPI ou le prêt à la création d’entreprises ?
Mais aujourd’hui, dans la mondialisation et touchées par une crise internationale sans précédent les entreprises ne peuvent se contenter de mots, de souvenirs ou de symboles. Certes, elles ne craignent pas le grand soir. Elles redoutent le crépuscule de leur développement. Elles veulent donc des engagements clairs, durables en matière de stabilité juridique et fiscale, des opportunités de long terme pour le financement de leurs activités et un apaisement du dialogue social.
En ce sens, Jean-Marc Ayrault vient de confirmer la « priorité PME » de son gouvernement dans le prolongement des deux engagements phares du président de république : une banque publique d’investissement pour muscler la compétitivité et le rééquilibrage des relations PME-grandes entreprises au profit des plus petites. Il s’agit de deux sujets fondamentaux. En effet, l’accès au crédit pour les entreprises et les industries moyennes doit être « pacifié». Sans cela, elles ne pourront pas se développer. Quant aux contraintes des donneurs d’ordres et aux des délais de paiement, il s’agit de relations d’un autre âge qui affectent la trésorerie et grèvent le dynamisme des PME-PMI. Cela doit changer !
Ainsi, dans le discours qui s’installe, on entend bien une nouvelle reconnaissance du rôle des entreprises moyennes dans l’économie. Et chacun sait, même à gauche, qu’il faut les mobiliser car elles sont incontournables et portent en France, sur notre territoire, le plus grand potentiel pour amorcer la croissance et relancer l’emploi. Encore faut-il dépasser les intentions pour traduire dans les arbitrages budgétaires à venir des mesures réellement en leur faveur et non le contraire.
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