Avec le Covid-19, la vie des entreprises et de leurs collaborateurs a été chamboulée sans commune mesure. Nous vivons une période sans précédent. Après les annonces du chef de l’Etat, plusieurs membres du gouvernement, le Premier ministre Edouard Philippe, le Ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire et la Ministre du travail Muriel Pénicaud ont invité certaines activités non essentielles à reprendre le travail en plaidant un service économique minimum et en rappelant les mesures fortes décidées pour limiter les effets de la crise économique engendrée par la crise sanitaire. Malgré leur engagement sociétal, beaucoup de nos entrepreneurs se trouvent face à un dilemme entre leur obligation de sécurité et la volonté de reprendre une activité économique. C’est pourquoi, plusieurs préalables conditionnent la reprise.
Des tâtonnements compréhensibles
Samedi 14 mars minuit, tous les secteurs du commerce non alimentaire, mais aussi l’hôtellerie, la restauration et les services, ont été mis à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre. Les entreprises du bâtiment peuvent continuer leurs activités mais en protégeant leurs entrepreneurs et leurs salariés. Beaucoup d’entre-elles expriment leur désarroi car dans la pratique les moyens de protections (masques, gels…) font défaut et le respect des gestes barrières est difficile à mettre en œuvre sur les chantiers où le travail s’effectue par équipe et dans la promiscuité. C’est pourquoi, il convient de s’entendre, sans ambigüité, sur les bonnes pratiques. Non sans hésitation, l’Etat a finalement décidé la fermeture des marchés alimentaires ouverts, laissant les marchands ambulants désemparés et dans l’attente d’une dérogation que les Maires des grandes villes, aux prises avec une opinion publique légitimement attachée au principe de précaution, hésiteront à demander. Dans cette situation, où nous n’avons pas encore atteint le pic de l’épidémie, nos décideurs publics tâtonnent pour arbitrer au jour le jour des intérêts – sanitaire, économique, social, démocratique – souvent divergents. Les petits entrepreneurs qui sont aussi des décideurs du quotidien “sous contraintes”, le comprennent parfaitement. Ils partagent solidairement cette vision pour leurs collaborateurs et leurs familles. Mais dans l’incertitude de la durée du confinement et de la crise sanitaire, beaucoup ont besoin d’être rassurés.
Pas de prime “wergeld”
Le Gouvernement propose aux entreprises dont les salariés reprendront le travail la possibilité de verser une prime de 1 000 € sans charges fiscales ni sociales. Cette prime qui pourra être versée jusqu’au 30 juin 2020 va dans le bon sens : elle a déjà fait ses preuves en 2019 pour répondre au précédent “choc” économique des gilets jaunes. On forme le vœu qu’elle sera prolongée, dans les mêmes conditions, pour valoriser toutes celles et ceux qui sauront accompagner la sortie de crise. Cette possibilité donnée aux entreprises n’a jamais été un “wergeld” ou une prime du sang. Ni une prime de risque pour toutes celles et ceux qui reprendront leur activité et risqueraient d’être contaminés. Le temps n’est pas à la polémique mais à l’union, à la solidarité et au soutien de tous les acteurs économiques et de leurs salariés. Dans le moment hors du commun que nous vivons, on le voit bien, il existe des sensibilités différentes dans le camp patronal comme dans le milieu des centrales syndicales. Pour ces raisons, plus que jamais, notre gouvernement doit être attentif aux réalités du terrain, travailler avec les régions, les corps intermédiaires, les branches et les filières pour garantir la sécurité sanitaire des salariés sur leurs lieux de travail et assurer progressivement les services minimaux indispensables au quotidien de tous les français.
La sécurité pour tous
Alors que la vitesse à laquelle se propage le Covid-19 montre que nous devons redoubler de prudence, reprendre l’activité, aujourd’hui, c’est en effet créer les conditions d’une reprise du travail sécurisée sur le plan sanitaire comme sur le plan juridique. Pour les entrepreneurs – TPE, PME, PMI – et leurs collaborateurs, c’est un préalable. C’est du reste l’honneur des entrepreneurs en tant que chefs d’entreprise, quelle que soit la taille de cette dernière, d’en faire un tel préalable. Le 25 mars 2020, l’Etat vient de préciser sa doctrine et d’indiquer qu’il « n’incombe pas à l’employeur de garantir l’absence de toute exposition des salariés à des risques mais de les éviter le plus possible et s’ils ne peuvent être évités, de les évaluer régulièrement en fonction notamment des recommandations du gouvernement, afin de prendre ensuite toutes les mesures utiles pour protéger les travailleurs exposés ». Si nos entrepreneurs en prennent acte, reste à l’administration du travail de le faire également car nos entreprises ont besoin d’être sécurisées juridiquement l’exonération de la responsabilité de l’employeur et l’exercice du droit de retrait pour les cas où un salarié, en dépit de la mise en œuvre scrupuleuse des mesures prescrites pour la sécurité sanitaire sur le lieu de travail, serait contaminé ou voudrait se retirer. Mais ce qui est en jeu, au-delà de l’obligation de santé et de la sécurité physique des entrepreneurs, c’est la relation de confiance entre tous les acteurs de la vie de l’entreprise, ne l’oublions pas !