En battant un nouveau record d’abstention, le second tour des élections municipales a confirmé la “fatigue démocratique” qui progresse scrutin après scrutin au sein du corps électoral : à mesure que les abstentionnistes forment le premier parti de France, le vote cède la place à un répertoire d’actions politiques alternatives – grèves, manifestation, pétition, boycott … – de plus en plus violentes. Bonnets rouges, gilets jaunes, blouses blanches, les nouveaux mouvements sociaux “chromatiques” se mobilisent à l’écart des syndicats … La défiance est forte et le risque d’instabilité est élevé. Bien sûr, les motifs d’inquiétude sont nombreux : effondrement du PIB, chômage (notamment des jeunes), survie des commerces de proximité, etc. Mais, aujourd’hui plus qu’hier, il n’y aura pas de redémarrage rapide et durable de l’économie – grâce, entre autres, à la consommation – sans confiance dans l’avenir ! Et il n’y aura pas de confiance dans l’avenir sans stabilité ! Nos TPE-PME ont besoin à la fois de réformes, de stabilité politique et sociale.
Un soutien à l’économie exceptionnel
Nos TPE-PME ont besoin à la fois de réformes, de stabilité politique et sociale.
Dans la crise, le précédent Gouvernement a déployé un dispositif de soutien à l’économie exceptionnel, avec deux mesures fortes emblématiques : les mesures financières pour soutenir les entreprises et les activités non salariées ; et la transformation structurelle du dispositif d’activité partielle pour permettre de maintenir l’emploi et les compétences. Des mesures inédites ont aussi été déployées – avec l’abondement financier de la Région Île-de-France – pour soutenir les chefs d’entreprises et les indépendants en comblant au mieux les “trous dans la raquette”, à l’instar du prêt garanti par l’État, du fonds de solidarité, du prêt rebond et du fonds résilience. Ce dispositif, le plus protecteur d’Europe, a permis de sauvegarder les entreprises et l’emploi.
Mais, attention, le retrait trop rapide de « l’aiguille » serait très risqué pour des entreprises fragiles sous perfusion. Pour tenir le choc, elles devront être durablement accompagnées aux plans financier et fiscal. Probablement pendant 24 mois. Avec une sortie “en sifflet” des dispositifs. C’est ce qui va incomber à la nouvelle équipe gouvernementale et particulièrement à Bercy.
Une répartition efficace des rôles institutionnels
Attention, le retrait trop rapide de « l’aiguille » serait très risqué pour des entreprises fragiles sous perfusion.
Dans la crise, alors que nos institutions auraient pu être ébranlées, chacun au sein de l’Exécutif, a joué efficacement son rôle, y compris en faisant preuve d’un “tâtonnement responsable”. On a heureusement été loin du tirage à hue et à dia du précédent quinquennat. Le Président a fixé le cap. Le Premier ministre a tenu la barre. Les Ministres, et leurs équipes, ont fait tourner les machines en soute.
D’autres parties prenantes sont aussi (re)devenues des interlocuteurs indispensables pour la bonne mise en œuvre des actions et des mesures décidées. Je pense notamment à Valérie PÉCRESSE qui a su rendre la Région Île-de-France particulièrement utile pour les Franciliens, une collectivité qui assume le chef-de-filât dans le domaine économique et qui représente 23% des emplois nationaux et 30% du PIB. Fait nouveau, tant au niveau de l’Etat que de la Région, les interlocuteurs des entreprises ont été régulièrement associés et informés pour la bonne mise en œuvre des mesures décidées. Grace à l’écoute et au lien de confiance créés par le Préfet Michel CADOT, nous avons pu aussi travailler main dans la main et dialoguer avec les syndicats de salariés pour amorcer la reprise et garantir le bon déroulement des déplacements des Franciliens dans les transports en communs. C’est ce type de méthode qu’il faut utiliser !
Stabilité politique et sociale
Au premier abord, le changement de Premier ministre et de Gouvernement, voulu par le Président pour incarner le “nouveau chemin” de son quinquennat, est un changement dans la continuité. Ce “nouveau chemin” serait une autre façon d’atteindre le cap initial dans un contexte bouleversé. Je m’en félicite. Les TPE-PME ont plus que jamais besoin de stabilité dans les politiques publiques favorables aux entreprises menées depuis le début du quinquennat.
Les TPE-PME ont plus que jamais besoin de stabilité dans les politiques publiques favorables aux entreprises menées depuis le début du quinquennat.
Pour filer la métaphore du chemin, il ne faut ni rebrousser chemin sur les bonnes réformes réalisées, notamment en matière de fiscalité et de droit du travail, ni rester à mi-chemin sur certaines réformes en cours et toujours justifiées, quelle que soit leur difficulté. Et il faut savoir emprunter des chemins de traverse pour atteindre plus vite certains objectifs, par exemple en matière écologique et sociale.
Le redémarrage de l’économie est probablement le plus efficace des amortisseurs sociaux pour atténuer le choc social à venir. C’est pourquoi nos entreprises ont besoin d’une stabilité durable pour s’adapter et inventer le “mieux travailler” de l’après-crise. De ce point de vue, il faudra trouver rapidement une solution pérenne au problème des mouvements sociaux qui continuent de perturber régulièrement l’activité en faisant peser, notamment à Paris, l’épée de Damoclès des fermetures préfectorales au gré des parcours manifestants. Nos TPE PME ne peuvent plus s’offrir ce luxe !
Bernard COHEN-HADAD
Président de la CPME Paris IDF
Président du Think Tank Etienne Marcel
Photo : Adobe stock – peshkov