Verdir le financement, financer le verdissement

Article publié le 14.10.2023 sur Agefi

La transition écologique passera par la transformation de l’économie et le verdissement de l’activité. Chacun en convient désormais d’autant mieux qu’elle devient un facteur d’innovation et de compétitivité, aux côtés de la responsabilité sociétale des entreprises et de la qualité de vie au travail. Les entreprises ont compris qu’elles avaient un intérêt à agir pour elles-mêmes, au plan opérationnel et / ou stratégique, indépendamment de toute « communication verte ». En dépit d’une conjoncture agitée qui ne la facilite pas, toutes les parties prenantes sont donc plus exigeantes sur les enjeux de cette transition structurelle. De la loi d’orientation des mobilités à celle relative à l’industrie verte, le législateur essaie, lui aussi, de verdir les activités existantes et de développer les filières d’avenir.

Par nature, les PME sont plutôt « green-friendly« . Entreprises de proximité à taille humaine, elles se distinguent par la souplesse de leur organisation, la polycompétence de leurs collaborateurs et leurs intérêts à agir dans la vie des territoires avec lesquels elles sont en prise directe. Autant de caractéristiques qui les prédisposent favorablement vis-à-vis des transitions nécessaires pour une économie plus verte.

Un besoin inédit de financement

Pour que les PME soient les forces motrices des transitions attendues dans leurs territoires, elles ont besoin d’investir dans leur transformation et de financer cet investissement. L’ampleur des besoins de financement est sans précédent. Encore novices, déjà sensibilisées, voire même engagées, elles ont donc toutes besoin d’être accompagnées pour faire de la transition écologique un objectif stratégique et réussir leur transformation. C’est parce qu’elle est un processus exigeant que la transition écologique requiert la mobilisation de tous les acteurs, publics et privés.  

Les pouvoirs publics, d’abord, doivent accompagner l’adaptation des acteurs économiques et des territoires, dans leur grande diversité, à la nouvelle donne écologique positive. Ils doivent aussi anticiper et préparer l’avenir économique.

Les congrès annuels du FMI et de la Banque Mondiale qui se sont déroulés au Maroc en octobre 2023 ont pu montrer que, pour financer la transition, il faut aussi donner la priorité à l’innovation financière, avec de nouvelles formes de partenariats et de prêts. En France, avec un certain nombre d’acteurs économiques, nous recommandons de développer de nouveaux instruments de financement de long terme des investissements verts sur le modèle des « obligations relance » et des « prêts participatifs relance ». Le plan d’épargne « Avenir Climat » prévu par la loi « industrie verte » votée également en octobre 2023 pour engager les jeunes dans la transition écologique pourrait être, dans son domaine, intéressant. Encore faudra-t-il accompagner les entreprises vers la promotion des nouveaux métiers et de l’évolution des emplois vers des pratiques plus durables, plus circulaires et responsables.    

Mobiliser tous les capitaux privés

Il faut enfin mobiliser l’épargne privée. L’investissement dans le capital des PME, pour renforcer leurs fonds propres, doit être encouragé par des incitations fiscales. La finance responsable joue un rôle crucial pour encourager et permettre aux PME d’investir dans leur politique RSE en intégrant les enjeux du développement durable à leurs activités et relations.

Le capital n’est pas seulement financier, il est aussi humain. Les efforts de formation pour faciliter la reconversion des salariés vers les métiers « verts » pourraient faire l’objet d’incitation financières dans le cadre du compte personnel de formation. Les dispositifs d’orientation des jeunes vers ces métiers pourraient être améliorés.

« Consom’acteur »

Si l’économie verte catalyse de nouveaux modèles économiques, en repensant les besoins, en sourçant plus local, en luttant contre l’obsolescence programmée, en réduisant les gaspillages, elle induit aussi la consommation responsable du “consom’acteur”. 

Ce dernier se trouve à mi-chemin de l’économie et de la politique : consommer responsable, c’est aussi pour lui une façon de pallier la crise de la démocratie représentative en faisant valoir ses attentes par le changement concret des usages socio-économiques, plutôt que par le renouvellement, parfois peu concluant, des visages politiques, patronaux, syndicaux centrés sur eux-mêmes et les appareils partisans 

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